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Succès de la grève des 26 et 27 mai : "Yes, we can !"

lundi 30 mai 2011

SUD se félicite de la réussite de la grève d’avertissement des 26 et 27 mai. Obligé depuis plusieurs années d’avaler toute une série de couleuvres - déménagement mené en dépit du bon sens, mépris envers les précaires, gel des salaires, non-résolution du problème des congés payés, dérives rédactionnelles, mesures autoritaires diverses et variées - le personnel a enfin fait entendre sa voix !

Avec comme élément déclencheur - cerise sur le gâteau - une tentative de démantèlement de l’Agence France-Presse, via une révision du statut menée à la hussarde.

Non Monsieur Hoog, votre absence de respect pour les salariés et leurs représentants ne peut pas continuer ! Non messieurs les sénateurs UMP, votre projet de « nouveau statut » pour l’AFP ne passera pas comme une lettre à la Poste !
 
Face à la tentative visant à faire adopter par le Sénat ce projet néfaste avant l’été, il était primordial de lancer un avertissement clair. Cet objectif est atteint. Il est désormais évident que nous POUVONS empêcher l’adoption du projet Hoog-Legendre, dont la présentation devant le Parlement deviendra toujours plus difficile au fur et à mesure que les échéances électorales nationales se rapprochent et que nous montrons notre combativité.
 
Malgré des consignes syndicales contradictoires - seuls la CGT et SUD ont œuvré en amont en faveur d’une grève de 24 heures sur les fils France - le personnel a largement adhéré à ce mode d’action. Certes, pour les mobilisations à venir, on souhaiterait encore davantage de soutien et d’unité, mais les faits sont incontestables :
 

  • L’Assemblée générale organisée par l’ensemble des syndicats dans la salle des desks de la rue Vivienne a été un succès. Réunir dans ce lieu peu convivial une bonne centaine de personnes, alors que les services parisiens sont éclatés sur trois sites distincts, et alors que de nombreux salariés écoulaient leurs derniers jours de congés payés 2010, est une réussite. Toutes les sensibilités ont pu s’exprimer librement, même si - faute de temps - certains n’ont pas pu prendre la parole à la fin, lorsqu’il fallait passer au vote.
  • L’AG a massivement voté en faveur de la grève (moins 10 abstentions) et adopté à l’unanimité la « motion de défiance ». Ce vote a été confirmé par les bureaux de province. [Pour en savoir plus, voir le site "SOS-AFP"]
  • La grève a été très largement suivie. Extrait de la note de la Rédaction en chef du 27 mai : « Le service France est très perturbé par la grève de 24 heures qui s’achève vendredi à 18H00. Sur certaines plages horaires, seuls les alertes et urgents ont été diffusés. »
     

« Le motif de la résistance, c’est l’indignation »

(Stéphane Hessel, « Indignez-vous ! »)
 
L’ampleur du mouvement montre que le personnel a compris l’importance des enjeux. Et elle révèle le degré d’exaspération et de défiance face à une Direction immorale et arrogante qui veut imposer ses choix, ses dérives rédactionnelles et ses mesures autoritaires, tout en ignorant les exigences sociales.
 
Cette mobilisation était indispensable, au moment où l’audit social détecte une relative inefficacité des organisations syndicales : « Force est de constater que les mobilisations sur des sujets internes ces dernières années n’ont pas été nombreuses et des changements ont été conduits malgré leur opposition. Un des derniers exemples étant le déménagement contre lequel les délégués n’ont pas manqué de marquer leur désaccord mais qui n’a donné lieu à aucune heure de grève. » (Le rapport d’audit, toujours pas rendu public ou remis aux délégués, mais qui circule largement, encourage la Direction à faire preuve de davantage d’autoritarisme. Ce qui explique sans doute la sanction disproportionnée frappant un journaliste licencié après 30 ans de maison).
 
Mais surtout, la grève des 26 et 27 mai constitue un acquis important pour la suite de notre résistance contre la loi Hoog-Legendre. Car cette grève n’est pas passée inaperçue. La dépêche AFP, bien que tendancieuse dans sa présentation des faits et mensongère sur le fond, évoquant un « texte qui amende légèrement (sic !) la loi de 1957 », a eu le mérite d’exister et de faire savoir qu’il y avait une grève à l’AFP et une motion de défiance. Les sénateurs et députés ont vu que la proposition de loi se heurtait à la résistance des syndicats de l’AFP et d’une bonne partie du personnel ; du coup, il est peu probable qu’un consensus soit trouvé dans les deux chambres du Parlement...
 
Quant au PDG, il invite les syndicats à participer à une réunion, le mercredi 1er juin à 11h30, « pour échanger autour de la proposition de loi relative à la gouvernance de l’Agence ». Pour faire quoi au juste ? S’il avait voulu lancer une concertation en interne, il aurait dû le faire en novembre dernier, quand le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand avait annoncé qu’une proposition de loi serait déposée « prochainement » par le sénateur UMP Jacques Legendre ou un député du même parti. A l’époque, les syndicats CGT, FO, SUD et CFE-CGC avaient souligné que «  le personnel veut être informé et consulté » et l’ADIAFP (Association de défense de l’indépendance de l’AFP) avait réagi en adressant une Lettre ouverte aux parlementaires français qui garde toute son actualité. C’est à ce moment là que M. Hoog aurait dû ouvrir un grand débat en interne. Au lieu de cela, il a toujours esquivé quand il était interrogé sur ce projet, même récemment (cf. le préalable de David Sharp lors du CE du 7 avril 2011(disponible uniquement sur l’intranet AFP).

L’heure est à la résistance à la loi Hoog-Legendre

Nous disposons d’ores et déjà d’un argumentaire pertinent élaboré par Samir Douaihy, qui est intervenu à l’AG du 26 mai au nom de l’ADIAFP.

Si M. Hoog et ses amis sénateurs persistent, d’autres mouvements du personnel seront sans doute inévitables. Déjà, des contacts sont pris avec les parlementaires, et la pétition intersyndicale SOS-AFP est relancée. Sans oublier que ce bras de fer se profile au moment où les salariés auront deux occasions de s’exprimer par le vote :
 

  • L’élection des membres du Comité d’entreprise et des délégués du personnel aura lieu du 28 juin au 29 juillet. Ce scrutin concerne uniquement les salariés statut siège (environ la moitié des effectifs mondiaux).
  • L’élection des deux représentants du personnel au Conseil d’administration se tiendra probablement du 29 juin au 13 juillet. Ce scrutin concerne tous les salariés, mondialement, quels que soient leur statut ou leur nationalité.

Lors de ces deux élections, un vote massif en faveur des candidats activement impliqués dans la résistance à la loi Hoog-Legendre sera un signal fort. SUD compte sur la lucidité des salariés pour faire en sorte que le scénario du PDG et de ses alliés ne se réalise pas.

Dans les prochaines semaines, il faudra être vigilants, mobilisés, unis. Pour défendre l’indépendance de l’agence, nos emplois, nos intérêts sociaux.
 
Paris, le lundi 30 mai 2011 - SUD-AFP (SUD Culture & Médias Solidaires)