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M. Hoog davantage pressé de casser le Statut que d’embaucher des précaires

mardi 7 juin 2011

Les négociations sur la précarité, lancées en décembre dernier, sont dans l’impasse. Après 12 réunions au cours du premier trimestre 2011, et une longue interruption, les négociations ont repris le 6 juin, en présence de la nouvelle DRH, Mme Béatrice André. Le moins que l’on puisse dire est que cette pause de deux mois n’a pas été mise à profit par le Direction pour améliorer les propositions faites pour l’embauche de précaires et pour la sécurisation du revenu des pigistes. C’est vrai que le PDG a d’autres priorités : en finir rapidement avec le Statut de l’AFP (voir le dossier complet sur le site sos-afp.org ).
 
Une douzaine de précaires embauchés depuis le 1er janvier
 
La Direction a déminé les dossiers soulevés par l’Inspection du travail, qui avait relevé le caractère illégal du travail de pigistes permanents en banlieue parisienne et en province, et réclamé la réalisation d’une radiographie complète de la précarité à l’agence. Sous la menace de sanctions financières, la Direction a donc régularisé les situations les plus emblématiques, mais en imposant ses choix, qui ne correspondent pas forcément aux demandes de l’Inspection du travail et des syndicats.
 
Concrètement : cinq pigistes ont été embauchés au 1er janvier et un autre au 14 mars. Par ailleurs, quatre CDD ont été titularisés à compter du 1er mars, selon le projet d’accord présenté par la Direction qui affirme que toutes ces embauches ont été faites "dans le respect des procédures en vigueur à l’Agence". Qu’on se le dise, car - curieusement - la Direction ne comptabilise pas un certain nombre d’autres embauches de précaires qui ont été réalisées (sauf celle d’une CDD à la Vidéo, mentionnée au titre du "renforcement en compétences").
 
Dix CDD seront titularisés en juillet

La Direction "s’engage (enfin !) à embaucher dix journalistes en CDI, d’ici la mi-juillet", dans le cadre d’un pool de remplaçants. Il s’agira soit de "CDD réguliers sur les trois dernières années", soit d’anciens CDD sous statut local depuis plus de trois ans. Ils seront amenés à assurer des remplacements à Paris, en province et éventuellement à l’étranger et devront rester dans ce pool pour une durée minimale d’un an et maximale de trois ans. Cinq autres ex-CDD seront affectés à ce pool d’ici janvier 2012.
 
Plusieurs syndicalistes ont demandé communication des noms des dix premiers précaires titularisés dans ce pool, et même des noms des cinq suivants, voire l’annonce de cinq noms supplémentaires pour l’année 2012. Cela permettrait de donner une certaine lisibilité pour les journalistes concernés, mais aussi de mieux comprendre sur quels critères ils sont choisis par la Direction.
 
Nous avons été plusieurs à relever la situation particulière des CDD hispanophones, dont certains figurent parmi les CDD les plus anciens. La Direction a annoncé que l’un d’entre eux serait prochainement titularisé sur un poste actuellement affiché au Sport. Pour les autres, elle a dit qu’ils ne seraient pas intégrés au pool de remplaçants. SUD, comme d’autres syndicats, a souligné qu’il était inimaginable de conclure ces négociations sans avoir trouvé de solution précise pour ces CDD dont l’un a eu son premier contrat ...en l’an 2000 !
 
Pour SUD, ce pool de remplaçants est une solution très insatisfaisante :
 + Quelles perspectives pour les très nombreux CDD qui ne feront pas partie du pool ?
 + Il ne répond pas au fait qu’il faudrait embaucher directement dans certains services qui sont en sous-effectifs chroniques, ce qui permettrait d’y améliorer les conditions de travail pour TOUS.
 + Les membres du pool, après plusieurs années de galère, seront soumis à la polyvalence et la mobilité effrénées, et interdits de postuler ailleurs pendant un an.
 + Pour la Direction, le but de la mise en place de ce pool est de limiter le recours aux CDD. Donc : nouvelle précarisation de celles et ceux qui restent CDD.
 
Quelques autres embauches en 2011 et 2012
 
Le projet d’accord proposé par la Direction promet sept autres "créations de postes" en 2011, sans préciser s’il s’agit en réalité de redéploiements : cinq postes dans le pôle Ile-de-France, deux à la Vidéo (AFPTV). Suivront en 2012 deux postes de photographes et un de vidéaste, tous en province. ET C’EST TOUT !
 
Au total, après une douzaine d’embauches déjà réalisées et une vingtaine d’autres plus ou moins promises pour 2011/2012, aucun autre engagement, alors que les journalistes précaires qui sont en droit d’espérer leur titularisation en CDI statut siège sont une bonne CENTAINE, selon les chiffres publiés par les syndicats au début des négociations.
 
Minimum garanti : pour 14 photographes et vidéastes uniquement
 
Peu pressée de préciser les promesses d’embauche, la Direction semble en revanche tenir à un autre projet : la mise en place rapide d’un MINIMUM GARANTI pour certains pigistes.
 
L’AFP compte plus de 400 pigistes en France, mais la Direction ne propose une solution que pour 14 d’entre eux, et encore... Certains pigistes travaillent en permanence pour l’agence et sont disponibles à plein temps ; leur contrat devrait être requalifié en CDI statut siège. Au lieu de cela, la Direction leur propose... de rester "faux" pigistes, avec un minimum garanti. Loin de constituer une avancée, un tel accord - s’il était signé - risquerait d’être opposé aux photographes qui ont engagé une procédure aux Prud’hommes. D’où sans doute l’empressement de la Direction de faire avancer ce volet de la négociation.
 
Restent 200 à 240 "vrais" pigistes qui travaillent régulièrement pour l’AFP, ce qui leur ouvre le droit de vote aux élections professionnelles 2011 (selon les nouveaux critères obtenus par SUD qui avait saisi la Justice). Les négociations sur la précarité devaient être l’occasion de trouver pour eux des solutions permettant de sécuriser leur revenu. Or, la Direction ne leur propose RIEN.
 
Menaces sur les piges texte
 
Le minimum garanti proposé, non seulement s’adresse en réalité à de "faux" pigistes, mais il exclut les pigistes texte. Le Directeur chargé des bureaux de province a expliqué qu’il l’envisageait pour 2012. En attendant, il souhaite harmoniser les piges textes et "réformer totalement la grille de rémunération des piges sports avant le début de la saison 2011-2012", c’est-à-dire avant fin août.
 
Rappelons que le même Directeur avait dit en février qu’il envisageait de diminuer de façon importante les piges sport et de passer à la collecte de résultats sportifs à partir de Paris, via des partenariats avec des fournisseurs spécialisés. Il a aussi dit qu’il souhaitait réduire le nombre de pigistes et sécuriser les revenus de ceux qui continueraient à travailler pour l’agence. La première partie de ce projet semble avancer, quant à la sécurisation des revenus...
 
Plusieurs syndicalistes ont souligné qu’en attendant tout projet précis concernant les piges texte, rien n’empêchait la Direction d’augmenter le barème des piges, qui n’a pas bougé depuis longtemps. Inutile de vous raconter la réponse de la Direction.
 
Nous avons également évoqué la situation des pigistes travaillant dans d’anciens bureaux détachés. Normalement leur contrat devrait être requalifié en CDI, mais la Direction n’est pas de cet avis. Elle envisage uniquement une solution individualisée pour le pigiste très permanent de Reims.
 
Enfin, restent les pigistes remplaçants de banlieue, dont la situation est illégale, selon l’Inspection du travail. La Direction n’a pris aucun engagement ferme quant à la pérennisation de l’emploi de l’ensemble des pigistes impliqués dans cette couverture. Le pôle Ile-de-France sera compose de douze titulaires, alors que 16 personnes assurent actuellement ce travail. Pour SUD, il faut obtenir des garanties claires pour TOUS les pigistes de banlieue.
 
La majorité des précaires restera sans réponse
 
La dernière réunion de négociations sur la précarité est prévue le vendredi 17 juin. Il apparaît déjà clairement que ce marathon aura surtout servi à la Direction d’écarter la menace de sanctions de la part de l’Inspection du travail et de gagner du temps, après avoir été contrainte d’embaucher une partie des précaires les plus emblématiques. L’accord qui sortira de ces négociations n’aura qu’une portée très limitée et ne concernera qu’une minorité des précaires.
 
En vue de la réunion du 17, et pour conclure ces négociations, il faudrait au moins que l’intersyndicale réclame avec force :
+ la titularisation des "faux" pigistes (bureaux détachés, pigistes photo permanents...)
+ des garanties d’embauche pour l’ensemble des pigistes banlieue
+ des garanties d’embauche pour les CDD hispanophones
+ communication de la liste des précaires qui feront partie du pool de remplaçants (avec calendrier).
 
Pour SUD, TOUS les précaires doivent avoir des perspectives claires et acceptables socialement.
 
Paris, le mardi 7 juin 2011
SUD-AFP (SUD Culture & Médias Solidaires)
 
PS : appel intersyndical à une Assemblée générale du personnel, mercredi 8 juin, 11h au premier étage de la rue Vivienne :
https://www.sos-afp.org/fr/actualit...
Un mouvement de grève sera proposé pour obtenir le retrait du projet Hoog-Legendre sur le Statut