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Vers une radiographie de la précarité à l’AFP ?

mercredi 29 septembre 2010

Face à l’immobilisme généralisé sur la question des précaires à l’AFP, SUD a demandé depuis des mois à l’Inspecteur du travail de venir constater la situation. C’est désormais chose faite : l’inspecteur Gérard Filoche et son suppléant, Harold Ligan, ont réuni le mardi 28 septembre au siège (place de la Bourse) des membres de la direction et des organisations syndicales.
 
Résultat : les deux représentants du « service public » (comme M. Filoche aime se présenter) ont souhaité qu’une radiographie complète de la précarité à l’AFP soit réalisée d’ici environ un mois par un groupe de “travail” restreint direction-syndicats.
 
Avant de parvenir à ce résultat, il a fallu batailler pour dissiper l’écran de fumée dressé par le DRH, Jean-Louis Vidot, qui s’est employé à minimiser l’étendue de la précarité à l’agence. « Nous avons embauché 17 journalistes depuis le début de l’année », s’est-il félicité, en évoquant l’environnement de crise dans le secteur des médias. Aussi a-t-il fait valoir que le pourcentage de CDD était assez faible (4,7% des journalistes, 4,2% de l’ensemble des effectifs « statut siège » au 31-12-2009). Cette image plutôt idyllique n’a pas résisté aux interventions des représentants syndicaux (à noter : l’absence du SNJ).
 
Aujourd’hui, avons-nous souligné, des journalistes dont l’AFP est l’employeur principal sont payés au Smic ! Les listes des CDD présentées par la direction sont incomplètes, souvent inexactes et ne tiennent pas compte du travail dissimulé réalisé par les « faux » pigistes (qui, loin de travailler à la tâche, assurent la présence de l’agence 24h sur 24 et sept jours sur sept).
 
Si 17 journalistes ont été embauchés en 2010, nous estimons le nombre de précaires relevant du droit français à plus de 100 (toutes catégories confondues). Et les perspectives s’assombrissent, avec les nouvelles directives du PDG (restreindre le budget piges et les remplacements) et avec le projet de loi sur les retraites, qui retarderait d’au moins deux ans la plupart des départs, allongeant d’autant l’attente des précaires qui doivent être embauchés.
 
De nombreux services sont en sous-effectifs chroniques. Chaque suppression de poste de CDI en banlieue ou en province a créé de nouveaux précaires. Les remplacements d’absences se sont raréfiés et l’affichage des postes vacants est retardé, que ce soit dans la rédaction ou les autres services. Dernière nouveauté : des stagiaires « décret Pécresse », payés 417,09 euros par mois, occupent des postes de CDI… Même le développement du service phare de l’AFP du 21e siècle, AFP-Vidéo, se bâtit sur la précarité, avec de nombreux pigistes qui travaillent à temps plein et des CDD, à Paris et en province.
 
Confronté aux faits, le DRH a plaidé sa bonne foi et évoqué les « contraintes financières », avant de se réfugier derrière l’argument classique des patrons de presse qui prétendent que dans nos métiers, les notions du droit du travail sont souvent quelque peu assouplies…
 
Quant aux deux inspecteurs du travail, ils ont fait preuve de clémence et d’esprit de conciliation. SUD réclamant des sanctions contre l’AFP et la fin des situations de non-respect du droit, MM. Filoche et Ligan ont souhaité que la direction mette en place un groupe de travail restreint avec les syndicats pour :

  • Réaliser une radiographie complète de la précarité.
  • Etudier la création d’un pool de journalistes remplaçants, qui permettrait de titulariser des CDD même sans poste fixe.
  • Examiner les dossiers personnels les plus extrêmes (M. Filoche a fait part de la détresse de précaires de l’AFP qu’il a reçus à sa permanence).

Conclusion : une légère avancée, la direction ne pouvant plus continuer à faire comme si la précarité n’existait pas à l’AFP. Cependant, on est encore loin d’un plan d’embauches qui permettrait aux dizaines des précaires de l’agence de sortir de l’insécurité sociale et de la zone de non-droit où ils se trouvent depuis trop longtemps.
 
Comme nous l’avons dit lors de cette réunion, nous restons sur notre faim. Les solutions pratiques (pool, examen des dossiers personnels) risquent de favoriser le clientélisme et de faire beaucoup de déçus.
 
Pour SUD, tous les précaires doivent être défendus dans leurs droits. Et si cette réunion a été consacrée aux précaires en France, nous n’oublions pas les nombreux salariés sans droits à l’étranger, sous contrat local.
 

  • Si vous souhaitez rencontrer l’inspecteur du travail à Paris, pour témoigner de votre situation, prenez rendez-vous au 01-49-23-35-20.
  • SUD rappelle également qu’en matière de requalification de contrats de travail, les syndicats peuvent agir devant la justice à la place des précaires concernés (dès lors que ceux-ci en sont d’accord).

Ne vous laissez pas décourager ! Contactez-nous !
 
Faire travailler et cotiser les salariés plus longtemps pour la retraite, c’est priver les jeunes d’emplois. C’est pourquoi la retraite, c’est (aussi) une affaire de jeunes !


Samedi 2 octobre, tous dans les manifestations !
 
A Paris, 14h00 République
(direction Bastille-Nation)
RDV SUD Bd du Temple, à l’angle de la rue JP Timbaud
Ordre du cortège : SUD-Solidaires, Unsa, FSU, CFTC, CGT, CGC, CFDT, FO

Paris, le 29 septembre 2010
SUD-AFP (SUD Culture & Médias Solidaires)