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Les mauvais coups de l’été

mercredi 8 août 2012

Gel des embauches, mais recrutements extérieurs conséquents pour renforcer l’AFP "d’en haut" ; non respect des usages et accords ; mesures contestables et contestées de tout genre : en cet été olympique, la direction de l’AFP peut concourir pour la médaille d’or de l’arbitraire et du mépris.

  • Alors que l’AFP "d’en bas" se voit mal traitée et démotivée ;
  • alors que les précaires voient leur horizon s’assombrir ;
  • alors qu’un responsable de la rédaction, parti chez le concurrent-prédateur DAPD, est remplacé par une recrue extérieure dont l’attachement à la mission d’intérêt général de l’AFP reste à prouver ;
  • alors que le démantèlement progressif du réseau province semble suivre son cours...

...la direction a eu la bonne idée de fixer la réunion mensuelle avec les délégués du personnel, prévue par le code du travail et par le Protocole d’accord de 1969, ... au vendredi 10 août. Succès assuré ! Déjà, les délégués de plusieurs syndicats ont indiqué qu’ils seraient indisponibles à cette date. Et un seul syndicat a envoyé ses questions. Vous trouverez les demandes SUD pour la réunion du 10 août ici :

Demandes SUD-AFP, réunion mensuelle des délégués du personnel du 10 août 2012

1/ Gel des embauches
La direction a annoncé aux délégués un "gel des embauches" d’ici la fin de l’année, sauf nouveaux départs (a priori non prévus). Cette décision frappe durement des précaires qui attendent souvent depuis fort longtemps leur titularisation. Elle confirme aussi, malheureusement, ce que nous disions l’année dernière : loin de résoudre le problème de la précarité, les titularisations de l’année 2011 se traduisent par un recul du nombre d’embauches en 2012, et donc par une détérioration des perspectives de nombreux précaires.

A/ Alors que l’AFP avait recruté en 2001 un total de 52 journalistes statut siège, ils étaient 16 en 2009, 23 en 2010 et 40 en 2011. Et en 2012 ? Combien de journalistes (de base, hors recrutement extérieur d’un rédacteur en chef adjoint) ont été titularisés depuis le début de l’année ? En restera-t-on là ?
B/ Alors que la rédaction et des services techniques et administratifs souffrent de sous-effectifs et que les titularisations sont rares, les recrutements extérieurs ont été nombreux pour renforcer la direction ou la hiérarchie. Parmi ces recrutements depuis le début de l’année : un directeur général adjoint, une nouvelle chef du service paie, des juristes, un rédacteur en chef adjoint photo... Combien de recrutements au total depuis le début de l’année pour "l’AFP d’en haut" ?

2/ Nominations 1
Depuis près d’un an, la délégation SUD se voit contrainte de critiquer régulièrement l’arbitraire des nominations.
 réaffichage de postes, même quand des CDI sont candidats
 règles de mobilité appliquées "à la tête du client" (un journaliste expatrié a passé les 20 dernières années de façon quasi-ininterrompue dans la même région ; certains migrent d’un poste à l’autre, sans jamais passer par Paris ou par les desks ; d’autres échappent à toute règle car ils ne sont pas nommés sur des postes mais chargés d’une "mission", d’une durée parfois supérieure à un an ; d’autres par contre voient leurs candidatures systématiquement retoquées...)
 etc.
Ces pratiques de la direction rompent radicalement avec des principes qui semblaient autrefois acquis : selon le Protocole de 1969, tout poste concernant les salariés statut de siège doit être affiché et tout salarié statut siège a le droit de présenter sa candidature ; dans l’esprit de cet accord (maintenir "un climat de confiance"), la direction choisit parmi les candidats qui se sont présentés.
À la lumière de ce rappel, nous demandons à la direction :
A/ Le candidat CDI qui s’est présenté au poste de rédacteur en chef photo n’était-il pas qualifié pour occuper cette fonction ?
B/ Quelles sont les perspectives de carrière de ce candidat interne retoqué ?
C/ Qu’est ce qui justifie le recrutement extérieur d’un rédacteur en chef Photo alors que la direction a décrété un gel des embauches ?

3/ Nominations 2
Situation d’un photo-reporter de province, CDI depuis 1997, après sept années de piges.
Acte 1, été 2011 : le poste sur lequel ce photographe a été nommé en 2009 est affiché. Comme d’autres journalistes, il est candidat à sa propre succession. Il est le seul candidat en CDI. La direction décide cependant de réafficher son poste et annonce sa prochaine mutation à Paris.
Acte 2, février 2012 : sachant que pour des raisons personnelles il sera de nouveau candidat à sa propre succession, la direction décide de titulariser sur son poste à Lyon un jeune photographe, jusqu’alors pigiste à Dijon (tant mieux pour ce précaire...).
Acte 3 : le poste de photographe titulaire à Dijon reste vacant, aucun CDI n’ayant présenté sa candidature.
Acte 4 : plusieurs mois passent, avant que la direction, régulièrement interpellée, finit par réafficher le poste vacant à Dijon, avec prise de fonctions en septembre. Clôture des candidatures au 10 juillet. Notre reporter de Lyon est le seul candidat photographe en CDI.
Questions :
A/ Pourquoi est-ce que la direction n’a toujours pas annoncé la nomination d’un photo-reporter à Dijon ? Quand est-ce que cette nomination sera enfin annoncée ?
B/ Le CDI candidat pour Dijon a été en poste dans plusieurs villes de province et à l’étranger. Il a également assuré de nombreuses missions, y compris dans des zones de guerre. N’est-il pas qualifié pour occuper le poste de Dijon ?

4/Réseau province
La direction a annoncé lors de la réunion DPTA de juillet un nouvel allègement du dispositif province : le bureau de Lille passerait fin 2012 à deux employés, contre trois jusqu’à présent dans tous les bureaux régionaux (et quatre il y a quelques années).
L’expérience montre que ce genre de mesure, présentée comme exceptionnelle, tend à être généralisée par la suite.
Nous demandons à la direction de renoncer à ce projet et à stopper le démantèlement continu du réseau province.

5/Précarité
Lors de la DPJ du 25-11-2011, les délégués CFDT, SGJ-FO, SNJ, SNJ-CGT et SUD-AFP ont présenté plusieurs demandes communes, dont celle-ci :

"23- Pigistes de banlieue 1 :
Les trois lettres de l’Inspection du Travail envoyées à l’AFP depuis la fin 2010 ont constaté la situation illégale de l’emploi de pigistes en banlieue et demandé que leurs contrats soient requalifiés en CDI. Une partie d’entre eux ont été nommés sur les postes de CDI affichés dans le cadre de la création du Pôle Île-de-France, composé de 12 CDI. Cependant d’autres pigistes dont la situation avait été explicitement évoquée par l’Inspection du travail, se voient privés de perspectives claires dans le cadre de l’AFP.
Nous demandons que leur contrat soit requalifié en CDI et que la Direction leur fasse des propositions de reclassement.
"

Aujourd’hui, la situation de l’un d’entre eux n’est toujours pas réglée. Ce pigiste a assuré pendant deux ans et neuf mois, de façon très régulière, en banlieue et aux informations générales le même travail que des titulaires en CDI.
Prétexter aujourd’hui que la qualité de son travail ne justifie ni sa titularisation ni le maintien de son niveau de piges apparaît comme une justification à posteriori de sa non titularisation, voire comme une sanction pour avoir saisi, avec ses collègues, l’inspection du travail et les syndicats.
Nous rappelons aussi que selon l’article 19 de la convention collective nationale des journalistes professionnels, la durée de la période d’essai n’est pas de deux ou trois ans ; elle "ne peut excéder 1 mois de travail effectif pour les journalistes et 3 mois de travail effectif pour les journalistes stagiaires engagés par une publication à parution quotidienne ou hebdomadaire, par une agence de presse ou une station de radio ou de télévision."

Nous demandons pour ce journaliste le maintien de son revenu versé au cours des premiers mois de l’année 2012 et une promesse d’embauche ferme.

6/ Dialogue social
La direction a fixé les "séances de questions relatives aux délégués du personnel" au vendredi 10 août, précisant que la séance de questions relatives au personnel technique & administratif se tiendrait à 11h30 et celle relative aux journalistes à 14h30.
 
La tenue d’une telle réunion au mois d’août non seulement est une obligation légale, elle est aussi pleinement justifiée par l’actualité, comme le montrent les questions posées.

A/ Pourquoi la direction a-t-elle fixé cette réunion au 10 août, alors que les délégations de plusieurs syndicats ont indiqué qu’elles ne pourraient pas y participer à cette date, en raison des congés et de l’actualité (JO notamment) ?
B/ Au cas où la réunion du 10 août devait ne pas avoir lieu, faute de participants, nous estimons que la responsabilité en incomberait pleinement à la direction. Nous lui demandons, dans ce cas, de fixer une nouvelle date dans la dernière semaine du mois d’août.

Paris, le 8 août 2012
SUD-AFP (SUD Culture & Médias Solidaires)