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L’HONNEUR retrouvé de Gérard Colin

lundi 28 novembre 2005

• Lorsqu’un salarié est accusé "de tenir des propos et d’avoir des attitudes pouvant être considérés par les femmes comme du harcèlement", c’est grave.
• Lorsque cette accusation est ensuite retirée mais que le même salarié est l’objet constant de rumeurs de harcèlement sexuel, c’est troublant.
• Lorsque ce salarié, en raison des accusations portées contre lui, est en arrêt maladie pour dépression pendant près de 3 ans et décide de se mettre en grève de la faim, c’est la preuve que le dialogue à l’AFP est inexistant.

Voici, en condensé, ce qui est arrivé à Gérard Colin. Son histoire met en relief l’état délétère des relations sociales dans notre entreprise et nous incite à nous interroger sur le rôle des principaux acteurs.

La médiatrice jette l’éponge !

La médiatrice désignée par la direction, Michèle Houx, a adressé le 25 novembre 2005 la lettre suivante au directeur de l’Information :

"Monsieur le Directeur de l’Information, et cher collègue,
Vous m’avez demandé d’intervenir en tant que médiatrice dans le conflit opposant Gérard Colin à la Direction de l’AFP. J’ai accepté et après avoir entendu toutes les parties prenantes à ce conflit, je vous ai remis un rapport contenant un certain nombre de suggestions. Lors de notre dernière rencontre du 23 novembre 2005, vous avez jugé qu’il était impossible à la Direction d’y souscrire, et avez proposé des solutions en retrait par rapport à celles contenues dans mon rapport de médiation, et par rapport à celles avancées oralement par le PDG. En conséquence, j’ai le regret de vous informer que je mets fin ce jour à ma mission. Veuillez agréer..."

Les recommandations de Michèle Houx

Alors que Gérard Colin est en grève de la faim depuis le 1er octobre, la médiatrice suggère dans son rapport rendu le 9 novembre, à propos de l’accusation de harcèlement sexuel, que la direction de l’AFP "spécifie par un courrier personnel adressé à M. Colin, que cette accusation ne figure en aucun cas dans son dossier". Elle estime également que la demande de réparation financière "peut être négocié(e), et qu’en cas d’accord M. Colin interrompe sa grève de la faim, et retire sa plainte" (aux Prud’hommes contre l’AFP).

Que vaut la parole de Bertrand Eveno ?

Au 48e jour de sa grève de la faim, le 17 novembre, Gérard Colin a été reçu dans le bureau du PDG par Bertrand Eveno, en présence de Michèle Houx et de deux représentants de SUD-AFP. Cet entretien a permis de jeter les bases d’un accord qui devait être annoncé par la médiatrice. Gérard Colin devait arrêter sa grève de la faim et retirer sa plainte en appel aux Prud’hommes contre l’AFP.
La direction devait lui adresser une lettre indiquant que, suite à l’annulation de l’avertissement de mars 2003 et à la lettre du 10 novembre 2005, l’AFP apportait l’importante précision suivante :

"Les accusations contenues dans cette lettre d’avertissement, notamment celles vous reprochant "de tenir des propos et d’avoir des attitudes pouvant être considérés par les femmes comme du harcèlement" ne reposaient sur aucun fait avéré et sont donc sans fondement.
Aucun reproche ne peut en conséquence vous être adressé."

L’accord devait être signé après le règlement de quelques détails concernant les conditions de sa réintégration dans la rédaction. Sur la base de cet accord non signé, Gérard Colin a arrêté sa grève de la faim. Dès le lendemain, la direction faisait marche arrière ! Le PDG, démissionnaire depuis le 17 novembre 17h00, mais toujours en place, n’a pas tenu sa parole.

L’accord a donc échoué. Mais l’honneur de Gérard Colin aura été restauré. Il lui reste désormais une autre bataille à gagner : celle de sa guérison et de sa reprise de travail après trois années d’absence. Ses amis les plus proches, tous ceux qui ne l’ont jamais lâché, l’aideront à relever ce nouveau défi.

Quant au reste, SUD continuera à se battre pour qu’un accord juste soit enfin proposé à Gérard Colin. Faute d’un tel accord, la Justice tranchera. Le juge Alain Nguyen The du TGI de Paris a désormais été désigné pour instruire la plainte au Pénal de Gérard Colin contre trois membres de la hiérarchie de l’AFP. L’appel aux Prud’hommes contre l’AFP suit également son cours.

"Mission impossible ?"

Comme beaucoup d’autres, Gérard Colin était catalogué. Il semblait "indéfendable". Mais au fil du temps il s’est avéré que presque personne ne connaissait vraiment ce journaliste qui a fait toute sa carrière comme détaché en province. Que penser d’une hiérarchie qui juge le personnel sur la base de propos malveillants et de rumeurs ? Quelle surprise d’apprendre que Gérard Colin était extrêmement apprécié par ses confrères et consoeurs qui le connaissent réellement pour avoir travaillé avec lui ?
(Cf. l’impressionnante liste de SOUTIENS exprimés en Auvergne, à France 3, Radio France, La Montagne...)

Quel crédit peuvent avoir des gens qui, sans avoir vu Gérard Colin depuis trois ans, ont mis en doute la réalité de sa grève de la faim et qui, tout en se disant "témoin" de "faits graves" le concernant, prétendent qu’il s’est rendu à vélo à l’AFP pour rencontrer le PDG le 17 novembre ? Et pourquoi pas en skateboard !?

Dès 2003, SUD a évoqué la détresse de Gérard Colin. A l’époque, la direction a fait la sourde oreille. Récemment, un syndicaliste "chevronné" est venu nous dire : "Vous ne devriez pas le défendre, c’est un cas social !". Le ton était donné : "un malade", "un fou", "SUD le pousse au suicide", "SUD prend sa santé en otage", "SUD le manipule"... On aura tout entendu, hormis la vérité.

Pourquoi les autres syndicats n’ont-ils pas soutenu Gérard Colin ces derniers temps ? Que penser du fait qu’aucun de leurs élus n’ait signé la pétition pour la désignation d’un médiateur ? Des pressions ont même été exercées pour que des salariés ne signent pas ou retirent leur signature.

Et maintenant ?

Harcèlement, grève de la faim, inflation de procédures judiciaires... Personne n’a intérêt à ce que l’AFP soit éclaboussée par ce genre d’affaire. Cependant, force est de constater que de nombreux salariés, injustement accusés, étiquetés et dénigrés, n’ont pas d’autre choix que les tribunaux, face à une direction refusant tout dialogue.

Pour pouvoir guérir, Gérard Colin a désormais besoin que cette histoire se termine rapidement, afin qu’il puisse passer par une phase de reconstruction nécessaire pour reprendre le travail. C’est le souhait de ses amis, de ses collègues proches et de SUD-AFP. Qu’en est-il des souhaits de la direction ?

Paris, le 28 novembre 2005
SUD-AFP (Solidaires, Unitaires, Démocratiques)

(Ce texte a été reproduit sur les sites Internet d’Acrimed - Action-critique-médias - et du collectif Bellaciao. Nous les en remerçions).
www.acrimed.org
www.bellaciao.org
Blog « Solidarité Colin » : http://monsite.orange.fr/solidarite-colin/index.jhtml

Post scriptum

  • Une tentative de reprise de travail, en 2008, n’a pas abouti. La non-intégration de Gérard Colin est un échec collectif, douloureux pour lui-même et pour ses amis.
  • En invalidité depuis 2008, Gérard a pris sa retraite en août 2013. Âge de 62 ans, ils est décédé en octobre 2014 à Dijon des suites d’une brusque maladie.