Une pétition circule actuellement au service photo condamnant l’attitude de la direction de l’information et de la rédaction en chef photo qui ont discrètement communiqué aux services de police des photos réalisées en Corse le 1er octobre par un photographe de l’AFP, sur le tabassage d’un policier en civil.
Voici le texte de cette pétition :
« Les reporters photographes sus-nommés de l’Agence France Presse condamnent totalement le non-respect de déontologie inacceptable dont ont fait preuve la direction de l’information de l’AFP et la hiérarchie du service photo.
En effet, lors d’une perquisition opérée par la police au siège de l’agence, un responsable du service photo (en accord avec la Direction de l’information) a donné aux policiers un CD contenant toutes les photos de manifestants agressant un policier à Bastia le 1er octobre dont les visages n’ont pas été masqués ou « floutés ».
Ce comportement particulièrement grave trahit et salit la réputation des reporters de l’AFP qui, dans leur mission, ne peuvent en aucun cas être assimilés à des auxiliaires de police.
Les photographes de l’agence apportent leur soutien plein et entier à l’auteur des photos et se désolidarisent complètement de la conduite de leur hiérarchie dans cette affaire. »
Ce texte est en cours de signature par les photographes et éditeurs.
Les syndicats de journalistes SNJ-CGT, SNJ, FO et SUD s’associent à cette condamnation.
On ne peut que s’étonner de la discrétion de la direction dans cette affaire alors que les médias, qui se doivent de protéger leurs journalistes et leurs sources, se défendent habituellement en donnant un maximum de publicité à ces attaques contre la liberté de l’information qui visent à faire des journalistes des auxiliaires de police.
On se rappelle ainsi les perquisitions effectuées, dans les locaux de L’Equipe et du Point, médiatisées à la demande des rédactions en chefs de ces journaux et couvertes par l’ensemble des médias textes et photos, AFP compris.
Il y a eu des précédents y compris à l’AFP, comme lors de la fusillade de Montredon (viticulteurs/CRS, 1 mort dans chaque camp), mais la direction avait alors protégé ses journalistes. Ce n’est visiblement plus le cas.
La direction de l’AFP se borne à déclarer qu’il n’y « a pas eu de perquisition. Tout s’est passé électroniquement ». Et que sous la menace d’une amende, de poursuites, « on ne pouvait pas y échapper ».
La direction se défend en annonçant avoir essayé de s’en sortir en ne transmettant que des photos floutées mais « ils ne s’en sont pas satisfaits », déplore-t-elle.
C’est aussi simple que cela : à l’AFP, la police n’a qu’à passer commande !
Le pire est que la direction semble déçue par ses « clients » particuliers qui ne respectent pas leurs engagements. « Ils s’étaient engagés à ne pas mentionner qu’ils s’étaient servi des photos », déplore-t-on encore au 6ème étage.
Et l’AFP ? S’est-elle engagée à étouffer l’affaire ?
On pourrait en rire si cette irresponsabilité de la direction ne mettait gravement en cause la sécurité des journalistes de l’AFP et leur réputation.
Cette démission de la direction devant ses responsabilités, tant au regard de la liberté de l’information que de la sécurité des journalistes et de la protection des sources, pose ouvertement la question de sa légitimité et de son maintien dans ses fonctions.
SNJ-CGT, SNJ, FO, SUD - 27 octobre 2005