Le PDG a levé, ce jeudi 3 avril, le voile sur une partie des recettes austéritaires qu’il souhaite négocier avec les organisations syndicales dans le but de « retrouver une marge d’exploitation suffisante », « pour investir et innover ».
Objectif : limiter la croissance de la masse salariale du personnel statut siège à 1% par an (contre une moyenne annuelle de 1,72%, à taux de change constants, sur la période 2008-2012).
Ce cadrage économique a été autoritairement fixé, sans réelle discussion avec les représentants du personnel, par le « Plan stratégique 2014-2018 » d’Emmanuel Hoog, et dans les négociations sur le Contrat d’objectifs et de moyens 2013-2018 (COM-3). Ces négociations entre la direction et le gouvernement ne sont toujours pas achevées.
L’objectif de maîtrise de l’évolution de la masse salariale est étroitement lié à une autre condition fondamentale du Plan stratégique et du COM-3 : le dogme de la nécessaire augmentation du chiffre d’affaires commercial de l’Agence. Cette progression se situerait entre 2 et 2,5% par an, pourcentage moins fantaisiste que celui fixé par le précédent COM, mais qui semble toujours très optimiste dans le contexte économique mondial où la plupart des pays représentant l’essentiel du c.a. de l’AFP sont touchés par la crise du capitalisme mondial et les politiques d’austérité.
On notera que les choix du PDG s’inscrivent dans la même logique de régression sociale que ces politiques d’austérité, puisqu’elles s’attaquent essentiellement au « coût du travail » et aux avantages sociaux conquis par les générations de nos parents et grands-parents.
Echange congés contre pouvoir d’achat
Voilà concrètement ce que M. Hoog envisage de mettre en place, pour partie par des mesures unilatérales de la direction, pour l’autre partie via la négociation :
1/ Mesures pour arriver à une croissance annuelle d’environ 1% de la masse salariale
Cet objectif part du constat que hors nos maigres augmentations générales des dernières années, la masse salariale a progressé en moyenne de 1,42% par an. Il s’agit donc de grappiller environ 0,42 point :
- Respect des règles de prise de congés, de RTT et de récupérations actuellement en vigueur. Selon la direction, cela permettrait d’arriver à limiter la progression de la masse salariale à +1,33%.
- Apurement des reliquats de congés et de RTT (hors CET, compte épargne temps), d’ici 2018. On arriverait à +1,26% pour l’évolution de la masse salariale.
- Plafonner les CET à 100 jours. = +1,10%.
2/ Mesures supplémentaires
Celles-ci viseraient à dégager des marges permettant de garantir des augmentations générales des salaires, d’individualiser les salaires et les carrières via des primes exceptionnelles ou des augmentations individuelles, d’harmoniser et d’améliorer les plans de carrière (« carotte » tendue par la direction : augmenter les primes d’ancienneté à 25% après 25 ans et à 30% après 30 ans), la formation professionnelle etc.
Tenez-vous bien, c’est là que ça devient sérieux :
- Suppression des RTT pour les expatriés : elle serait partiellement compensée par la création d’un congé de retour d’expatriation, dont la durée n’a pas été spécifiée. L’ajout de cette mesure permettrait de limiter la progression de la masse salariale à +0,97% par an.
- Harmonisation et nivellement vers le bas de la durée des congés annuels : 36 jours pour tous, avec maintien des RTT. Chacun mesurera ce qu’il risque de perdre ! Là, on arrive à +0,81% pour la masse salariale.
- Et ce n’est pas fini : suppression des RTT pour les journalistes des desks, les employés de presse et les ouvriers des transmissions ! +0,78%.
- Enfin, autre piste relevant, celle-là, des « prérogatives de la direction » : localisation de certains postes d’expatriés : responsables administratifs et financiers, commerciaux, techniques régionaux...
Résultat final : la masse salariale (statut siège) n’augmenterait que de +0,73%, ce qui dégagerait donc 0,27 point par an pour quelques maigres augmentations générales et un saupoudrage individuel au choix de la direction. Mais à condition que les prévisions de recettes, très optimistes, se réalisent. Sinon, SUD n’en doute pas, il y aura un nouveau train de mesures d’économies...
Malgré l’insistance des délégués, le PDG et ses directeurs n’ont donné aucune garantie pour l’emploi des personnels techniques et administratifs, répétant une fois de plus que (seul) l’emploi rédactionnel serait maintenu.
Pas de précision non plus sur les droits sociaux, démocratiques et professionnels des salariés locaux. Rien en vue pour permettre aux salariés âgés de 60 ans ou plus de prendre leur retraite dans de bonnes conditions, afin d’embaucher des jeunes et éradiquer la précarité.
On notera enfin que toute l’attention de la direction se focalise sur la masse salariale, alors que beaucoup d’argent a été dilapidé par des mesures irrationnelles, incompétentes et parfois même illégales de certains dirigeants...
Non aux diktats austéritaires !
La première question à laquelle les personnels et leurs représentants devront répondre est de savoir si nous acceptons le cadrage économique autoritairement fixé par la direction et le gouvernement.
Toujours dans l’attente du rapport final du député Michel Françaix sur le financement de l’AFP, en l’absence d’informations plus précises sur l’issue positive du contentieux avec Bruxelles, nous réclamons un véritable débat sur le Plan stratégique qui fixe à 35 millions d’euros les besoins d’investissements pour les prochaines années. Et qui prévoit qu’une bonne partie de ces investissements doivent être autofinancés, sur le dos des salariés.
- SUD dénonce et combat la logique financière qui nous dicte ces cadrages austéritaires et qui met en péril la mission d’intérêt général de l’Agence.
- SUD refuse la logique de recul social.
Tous unis, résistons !
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