La direction dans la négociation salariale (NAO) :
Les mains vides et toujours dans l’opacité
La 2ème réunion de la négociation salariale a eu lieu mercredi matin, avec un jour de retard sur le planning initial. A l’issue de la première réunion, les syndicats avaient dit à la direction qu’elle devait revenir dans la Négociation annuelle obligatoire avec des réponses claires sur deux questions :
➢ Y aura-t-il des augmentations générales en 2014 ?
➢ Quelle est l’enveloppe pour ces augmentations ?
Par rapport à ces deux interrogations simples, la direction est venue les mains vides, déclenchant un long dialogue de sourds.
Prendre au mot M. Hoog ?
On aurait pu en rester là et partir sur un constat d’échec. Mais cela aurait été faciliter la tâche de nos patrons, visiblement peu enclins à faire le moindre geste. C’est pourquoi SUD est revenu à la charge, s’interrogeant sur la sincérité des chiffres et des arguments présentés par la direction.
En effet, reprenant le scénario d’économies présenté par Emmanuel Hoog au printemps dernier, SUD avait affirmé lors de la première réunion NAO que les chiffres du PDG étaient pipés et qu’en reprenant son propre scénario, des marges existaient bel et bien pour des augmentations. (Voir notre communiqué "Quel manque de sincérité" ).
La direction a présenté dans cette 2ème réunion pas moins de quatre tableaux pour tenter d’infirmer nos arguments. Sans pouvoir convaincre. Explications (c’est assez technique, mais révélateur !) :
- Selon Emmanuel Hoog, hors augmentations générales, la croissance des dépenses de personnel statut siège a été en moyenne de +1,42% par an de 2008 à 2012.
- L’objectif fixé par la direction et le gouvernement est de limiter l’évolution à +1%.
- Le scénario du PDG prévoit sept mesures possibles pour baisser l’évolution annuelle à +0,73%, ce qui permettrait de redistribuer 0,27 point au personnel, tout en restant dans la limite du +1%.
Sur les sept mesures envisagées par le PDG, quatre sont inacceptables car elles constitueraient un recul social majeur :
- Suppression des RTT pendant l’expatriation,
- Réduction des congés à 36 jours ouvrables,
- Suppression des RTT pour les journalistes des desks, pour les employés et les ouvriers,
- Transformation de postes de journalistes expatriés en postes locaux et localisation des postes techniques et administratifs.
Quant aux trois premières mesures, elles ne sont pas de la même nature ; elles sont relativement indolores et déjà mises en place sans trop de problèmes : respect des règles de prise de congés, apurement des reliquats, plafonnement du Compte épargne temps à 100 jours.
Selon le PDG, la réalisation de ces trois premières mesures devait permettre de baisser la hausse annuelle de la masse salariale de +1,42% à +1,1%.
Bataille de chiffres
Cette explication est basée sur un tour de passe-passe, que SUD dénonce depuis plusieurs mois : rien ne justifie de faire démarrer ce scénario à partir de +1,42% !
Nous sommes en 2014 ; pour évaluer l’impact d’un tel scénario, nous devons donc partir de l’évolution réelle de la masse salariale en 2013 et non pas de la moyenne 2008-2012.
Selon trois documents différents mais convergents dont nous disposons, l’évolution en 2013 se situait entre +0,2% et +0,99%. La direction conteste ce constat et a tenté de noyer le poisson, lors de la 2ème réunion NAO, mais sans donner des preuves.
Pour sortir de cette bataille de chiffres, une solution : que la direction présente les chiffres complets de la masse salariale 2008-2012 et précise les paramètres qu’elle a pris en compte pour arriver à l’augmentation moyenne de +1,42% par an ! C’est selon ces mêmes paramètres qu’elle devra nous fournir les chiffres pour 2013.
Des marges pour une augmentation
Jusqu’à preuve du contraire, SUD affirme que la progression de la masse salariale en 2013, selon les critères du scénario présenté par M. Hoog, se situe au maximum à +1%, ce qui signifie que des marges existent pour une augmentation générale.
Car dans ce cas, TOUTES les mesures d’économies réalisées en 2014 devraient pouvoir être redistribuées aux salariés, selon la démonstration faite par M. Hoog lui-même. De plus, les quatre mesures antisociales et inacceptables ne seraient nullement nécessaires, dans la logique même présentée par le PDG.
Pour les trois premières mesures de son scénario - les seules que nous ne contestons pas - cela représente plus de 2,48 millions d’euros en année pleine, selon un tableau fourni par la direction. De quoi accorder une belle augmentation !
Pour la prochaine réunion NAO, prévue le 2 octobre, nous demandons à la direction de chiffrer les économies réalisées en 2014 sur ces trois mesures.
SUD viendra avec des propositions pour redistribuer cette somme aux salariés.
Paris, le 18 septembre 2014
SUD-AFP (Solidaires-Unitaires-Démocratiques)