L’intersyndicale de l’AFP publie sous forme de lettre ouverte un courrier envoyé le 2 juin à la direction pour demander l’ouverture d’une négociation sur le télétravail :
Madame la directrice générale,
Monsieur le directeur des ressources humaines,
Monsieur le directeur des parcours professionnels et de la rédaction,
La pandémie de Covid-19 a conduit une grande partie des salariés de l’AFP à travailler à distance du Siège ou des bureaux dans les pays touchés par des mesures de confinement.
Difficile de tirer des enseignements d’une expérience massive qui n’est pas du télétravail au sens juridique du terme, mais plutôt une continuation du travail par temps de crise, en mode contraint voire dégradé, dans un espace et sur du matériel parfois inadaptés, avec son lot de contingences personnelles et familiales à gérer…
Les retours sont divers. Des collègues ont pris goût au travail à domicile qui présente des avantages (pas de temps de transport, réduction de l’empreinte écologique…) et s’est révélé possible y compris pour des fonctions qui paraissaient incompatibles avec cette organisation ; certains souhaiteraient poursuivre l’expérience, demain, sur une partie de la semaine. D’autres ont moins bien vécu l’éloignement forcé par rapport à leurs collègues et ont témoigné de difficultés (lien social fragilisé, fatigue psychologique, empiètement de la vie professionnelle sur la vie personnelle, impossibilité de déconnecter, etc.) qui peuvent être facteurs de risques psychosociaux.
Alors que le déconfinement est progressif et que l’épidémie de Covid-19 n’est pas endiguée, il nous semble que ce chantier qui a trait à des sujets majeurs (qualité de vie au travail, cohésion du collectif de travail, santé des salariés…) doit être objet de dialogue social à l’AFP. Certes, en France, tant que l’état d’urgence sanitaire est en vigueur (pour l’instant jusqu’au 10 juillet), la mise en œuvre du télétravail ne nécessite aucun formalisme particulier. Il est vrai aussi que la direction a produit sur Aurore deux « guides » (télétravail et managers) utiles pour accompagner ce travail à distance inédit dans son ampleur.
Mais cela ne doit pas nous interdire de travailler dès aujourd’hui à améliorer ce qui pourrait l’être à court et moyen terme et surtout, dans la concertation, de préparer l’avenir. Si le télétravail est amené à s’étendre à l’AFP après la crise sanitaire, sur la base réaffirmée du volontariat du salarié, de l’absence de discriminations et d’un cadre collectif actualisé, il convient que ce développement soit encadré et maîtrisé. Au-delà même du nombre de jour(s) autorisé(s) en télétravail, les sujets à aborder sont nombreux (matériel mis à disposition, ergonomie de l’espace de travail, utilisation des outils collaboratifs…).
C’est pourquoi l’intersyndicale toutes catégories de l’AFP vous demande d’ouvrir sans tarder une négociation sur le télétravail, qui pourrait aboutir à la signature d’un avenant à l’accord d’entreprise du 10 mars 2017 (« grand accord »). Nous n’ignorons pas qu’un groupe de travail se réunit depuis plusieurs mois sur ce sujet, dans la perspective du réaménagement du Siège ; ses préconisations pourraient utilement être versées aux débats entre la direction et les organisations syndicales.
Dans l’attente de votre réponse, que nous espérons au plus tard lors de la réunion de la commission de suivi de l’accord prévue le 12 juin, nous vous prions d’agréer, Madame la directrice générale, Monsieur le directeur des ressources humaines, Monsieur le directeur des parcours professionnels et de la rédaction, l’expression de notre haute considération.
L’intersyndicale CGT, SNJ, SUD, FO, CFE-CGC et CFDT de l’AFP
Paris, le 2 juin 2020