Bonne nouvelle ! Les salaires ont été revalorisés de (presque) 2% pour les salariés de statut siège à compter de ce mois de mai. Les piges également. Cependant, comme celles effectuées en mai seront payées en juin, les pigistes verront apparaître une hausse de 2% (là tout rond) sur leurs bulletins de paie à partir de juin seulement. SUD tient à rappeler que cette augmentation est le fruit de la dernière Négociation annuelle obligatoire (NAO) de novembre 2023 et que toutes les organisations syndicales représentatives ont signé l’accord issu de cette NAO.
Certains vont constater que leur salaire versé en mai n’a pas tout à fait augmenté de 2% par rapport aux mois précédents, et c’est « normal ». L’accord prévoit une augmentation du salaire de base mais pas des primes « annexes », c’est pour cela que l’augmentation globale ne fait pas tout à fait 2% pour les salariés de statut siège. Néanmoins, ce mode de hausse salariale permet de s’assurer que tous les salaires de l’AFP augmentent proportionnellement, après de nombreuses années de disette salariale.
Pourquoi cette approche avait-elle été choisie ? A chaque syndicat de répondre, mais nous, à SUD, nous avons estimé qu’après des années de gel des salaires, nous devions sortir à tout prix de la logique des hausses forfaitaires, comme les 20€ brut accordés en 2021 ou les 70€ brut de 2022. Même si les hausses forfaitaires bénéficient davantage aux rémunérations les plus basses, il faut bien aussi un jour défendre l’attractivité de nos grilles salariales. Car les plans de carrière n’ont du sens que s’il y a de véritables gains entre les échelons. Certains salariés, qui se trouvent actuellement en début ou milieu de carrière, peuvent préférer la méthode des hausses « forfaitaires », mais ils ne doivent pas oublier qu’en revalorisant les échelons supérieurs, on protège aussi leurs futurs salaires quand ils seront promus.
Enfin, durant cette NAO, SUD a obtenu de la direction une de ses vieilles revendications : la revalorisation de la prime Médaille du travail, qui est passée de 305 euros à 500 euros.
Si on doit se féliciter de cette hausse de (presque) 2% en mai, il ne faut surtout pas oublier que cette revalorisation ne compense pas du tout l’énorme perte de pouvoir d’achat provoquée par la récente crise inflationniste (2022-2023). Pire, cette crise est survenue après déjà de longues années sans revalorisation régulière des grilles. La conséquence est catastrophique pour les salariés. SUD a, par exemple, calculé que certains salariés ont reculé de l’équivalent d’une catégorie de leur plan de carrière en termes de pouvoir d’achat !
Raison de plus pour ne pas se contenter des (presque) 2% accordés à partir du mois de mai, et de se battre en vue de la prochaine NAO, prévue après l’été. SUD avait d’ailleurs suggéré dès la fin de la NAO 2023 de ne pas attendre septembre 2024 pour revendiquer des hausses de salaires afin d’essayer de rattraper les années de vaches maigres.
Nous avions évoqué l’idée d’une mobilisation dès ce printemps pour faire pression avant les Jeux olympiques de Paris, mais sans rencontrer d’appétence à l’époque pour ce projet chez les autres organisations syndicales. Certains diront sans doute que c’est un odieux chantage que de menacer la couverture des JO, mais force est de constater que certaines professions ont obtenu des primes conséquentes pour les Jeux et également de substantielles avancées salariales… Et n’est-ce pas beaucoup plus odieux quand la direction de l’AFP refuse toute hausse de salaire depuis des années en agitant la menace de suppressions d’emplois ? Et comment qualifier le narratif de l’actuelle direction de l’AFP qui ne cesse de se féliciter d’avoir redressé les comptes de l’agence, d’avoir finement renégocié le contrat d’objectifs et de moyens avec l’Etat français… mais qui répète sans cesse aux syndicats qu’il ne faudra pas espérer d’augmentations substantielles dans les années à venir ?
Paris, le 30 mai 2024
SUD-AFP (Solidaires-Unitaires-Démocratiques)