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Plan de départs, réorganisations, poste unique… le dialogue social en panne à l’AFP

vendredi 10 octobre 2025

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Le CSE du 26 septembre 2025, où la direction a tenté de faire passer son plan d’incitation au départ à la retraite, a mis en lumière l’état de déliquescence du dialogue social à l’AFP, miné par l’absence de transparence et de communication des dirigeants de l’agence qui n’hésitent même plus à revenir sur leur parole donnée au gré des événements.

Ce constat affligeant est apparu de façon inattendue au détour d’un préalable lancé par les élu.e.s du personnel sur la question du poste unique après avoir découvert la veille qu’une salariée s’était vu imposer, sans avoir été prévenue et sans discussion possible, le remplacement de son desktop par un laptop qu’elle allait désormais devoir transporter.
Le DSI de l’agence avait pourtant indiqué, lors du CSE du mois d’avril, que le changement des nombreux ordinateurs obsolètes n’entraînerait pas de passage automatique au poste unique, même si la direction le souhaitait vivement par mesure d’économies.
À l’époque, le DSI avait promis que l’introduction du poste unique se ferait uniquement sur la base du “volontariat”. Une promesse qui n’aura même pas duré cinq mois puisque la salariée concernée avait découvert pendant l’été qu’elle n’avait plus de desktop… Et ce cas n’est pas un cas isolé : SUD a depuis appris que le poste unique avait été imposé en plusieurs endroits au sein de la rédaction.

Du “volontariat” au “volontarisme”

Prise vendredi la main dans le sac, la direction a fini par admettre les faits, tout en se contentant d’expliquer qu’une des directions de l’agence avait fait preuve de “volontarisme”... Et vu la situation financière de l’agence, la direction d’ajouter qu’elle était dans son bon droit d’introduire le poste unique sans consultation des élu.e.s du personnel. Le passage en force érigé en mode de fonctionnement !
“La France peut participer à l’effort collectif”, se permet de dire la direction en rappelant que le poste unique a déjà été adopté (imposé) ailleurs dans le réseau… Toujours prête à mettre les salariés dos à dos quand ça l’arrange, la direction ressort sa vieille rengaine du réseau France toujours à la traîne et de salariés de statut siège récalcitrants face à la modernité…
Pas question en revanche pour la direction de se remettre en cause : vendredi, elle a fait mine de ne pas comprendre que les élu.e.s réclamaient au moins de la transparence et une meilleure communication. Aucune campagne récente de sensibilisation sur le poste unique auprès du personnel. Aucun débat en Commission Santé sur la prévention des éventuelles conséquences sur la santé, ni de discussion sur l’ergonomie des postes de travail…
Cette politique du fait accompli n’a pu que renforcer la détermination des élu.e.s à refuser de rendre un avis - obligatoire - sur le projet d’incitation au départ à la retraite. Difficile en effet, comme SUD l’avait écrit, de se prononcer sur un plan qui vise 70 départs, sans connaître les conséquences du “non-remplacement” des salariés concernés. Et pourquoi cet objectif de 70 suppressions de postes ? Qu’est-ce qui permet de dire qu’il est soutenable pour la bonne marche de l’entreprise et la poursuite de notre mission d’intérêt général (MIG) ?
Affirmant avoir “travaillé tout l’été”, la direction n’a pas pu fournir le moindre document afin d’évaluer les reports de charge de travail après les suppressions de postes, ni présenter les outils pour préserver la santé des salariés qui vont rester.

CSE suspendu jusqu’au 7 octobre

Déjà dans les starting-blocks pour appeler les retraitables à se déclarer dès le 1er octobre, la direction a estimé impossible de présenter le moindre projet de réorganisation des services, notamment en France où 40 suppressions de postes sont envisagées, y compris dans les services de production rédactionnels. Pas un mot non plus sur l’avenir des CDD ou des alternant.e.s.
“C’est trop compliqué, on ne sait pas encore qui va partir, on n’a pas le temps de regarder pour chaque service”, a répété la direction d’un ton mêlant à la fois supplique, demandant de lui faire confiance sur les suppressions de postes, et menace sur l’avenir de l’agence en raison des lourdes pertes annoncées pour 2026.
Face au refus des élu.e.s de voter sur son projet, la direction a dû accepter la suspension du CSE jusqu’au 7 octobre. Un délai qui devrait lui permettre de revenir vers eux avec des garanties et une méthode pour qu’ils puissent rendre un avis… alors qu’elle avait balayé elle-même l’idée d’un accord de méthode lors des discussions avec les délégués syndicaux le 19 septembre. Incompréhensible !
Sur les conseils de ses avocats, SUD était de son côté prêt à réclamer en CSE un vote pour lancer une “expertise projet important” et laisser un cabinet extérieur évaluer de façon objective l’impact des suppressions de postes sur les conditions de travail. Mais pour éviter une procédure coûteuse, cette idée a été mise de côté en attendant que la direction réponde par écrit aux demandes des élu.e.s.
Pour SUD, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il en va de la préservation de la santé des salarié.e.s. et de notre MIG. Même si la direction met une forte pression pour faire partir au plus vite les retraitables, nous n’accepterons pas de projet au rabais.

Paris, le 1 octobre 2025
SUD-AFP (Solidaires-Unitaires-Démocratiques)