CE du 24 septembre :
Non à un accord salarial injuste et dangereux
SUD-AFP a déjà dit tout le mal que nous pensons du simulacre d’accord
sur les salaires négocié au plan national, signé par la seule CFDT, et
également du curieux projet de transposition de cet accord au niveau de l’AFP.
(Cf. notre texte du 28 juillet « Salaires, précaires, attention danger ! »)
Lors du Comité d’entreprise du 24 septembre, les élus ont été consultés sur ce
projet et se sont prononcés majoritairement contre. Cinq membres (CGT, FO, SUD)
ont voté contre, trois pour (SNJ et CFDT).
Outre des dispositions techniques concernant la « couverture incapacité
temporaire de travail », le texte proposé par la direction prévoit une augmentation salariale de 27,50 euros brut (environ 12 euros net) par mois pour la majorité des salariés statut siège.
Versée sous forme de prime mensuelle, cette somme serait attribuée
rétroactivement au 1er juillet aux salariés suivants :
- A l’ensemble des Employés de Presse et des Ouvriers des Transmissions
- Aux Journalistes jusqu’au coefficient 260 (Rédacteurs 6ème catégorie) inclus
- Aux Cadres Administratifs jusqu’au coefficient 352 inclus
- Aux Cadres Techniques jusqu’au coefficient 115 inclus.
Après près de deux ans de gel des salaires, cette hausse est notoirement
insuffisante. Pire : la prime mensuelle de 27,50 euros, au lieu de s’ajouter aux
(modestes) hausses décidées au niveau national, se substitue à elles, entraînant
le décrochage de l’AFP des grilles salariales nationales.
Cet accord, s’il était appliqué, entraînerait donc la destruction du mécanisme
qui a garanti aux salariés de l’AFP de bénéficier régulièrement des hausses
générales négociées au niveau national.
Quant aux précaires, ils sont les grands oubliés de ce texte : rien sur la
résorption de la précarité, rien sur la rémunération des pigistes.
Malgré le vote négatif du CE, ce texte risque d’être appliqué, avec l’appui des
deux syndicats qui lui sont favorables.
Clips vidéo
Le CE a également été informé d’un autre projet d’accord, sur le développement de la production de clips vidéo. Pour les journalistes volontaires qui produiront de tels clips, il prévoit qu’ils cèdent « à titre exclusif à l’agence » l’ensemble des droits d’auteur pour ces clips (ce qui nécessiterait débat).
Le texte fixe à 60 euros brut la « rémunération forfaitaire individuelle par clip
vidéo commandé a priori ou accepté a posteriori par la rédaction en chef ».
Petit détail fâcheux : l’accord a été mal négocié car il ne prévoit pas
l’indexation de cette rémunération. C’est en raison de ce genre d’oubli que les
journalistes travaillant le dimanche touchent depuis des lustres immuablement la
même somme : 5,64 euros.
Parmi les autres points évoqués lors de la réunion du 24 septembre :
Stratégie commerciale, statut, mission d’intérêt général
Emmanuel Hoog a maintenu ses affirmations sur le besoin pour l’AFP de vendre ses
contenus directement au grand public. Il ne pense pas qu’insister sur
ce point fait courir à l’agence des risques vis-à-vis des clients qui sont représentés
au Conseil d’administration.
Il a également réaffirmé qu’il faudrait définir ce qui légalement relève des
« missions d’intérêt général » pour l’agence, afin de se prémunir contre toute
contestation par la Commission européenne des abonnements de l’Etat.
Plusieurs élus ont exprimé leurs inquiétudes concernant les éventuelles modifications du statut évoquées par M. Hoog. Après sa désignation comme PDG, il avait souligné que la réforme du statut n’était pas d’actualité. Glissement sémantique : désormais, il parle de la nécessité de « faire évoluer le statut », notamment sur la gouvernance, précisant que « le rapport de force n’est pas favorable » à un changement de propriétaire (privatisation, étatisation). La vigilance est donc de mise. Ces projets restant pour l’instant assez flous, ils n’ont pas été discutés en détail.
Après avoir témoigné le 15 septembre devant la Commission des affaires culturelles du Sénat (cf. le compte-rendu à l’adresse http://www.senat.fr/compte-rendu-commissions/20100913/culture.html#toc5 ), M. Hoog sera auditionné le mercredi 13 octobre par la Commission idoine de l’Assemblée nationale.
Rue Vivienne : la gabegie
La direction a confirmé qu’une réflexion était en cours pour prolonger l’utilisation de certains locaux parisiens ailleurs qu’au siège ou rue Vivienne. Selon Jean-Pierre Vignolle, directeur général, l’idée serait de disposer d’une « zone tampon » en attendant des travaux au siège.
Ce projet pourrait prendre la forme d’un prolongement du bail de la rue de la Bourse, avec location de deux étages supplémentaires qui abriteraient temporairement les services actuellement logés au Palais Brongniart, en attendant une rénovation du siège.
Rappelons qu’en 2009, sous le présidence de Pierre Louette, la direction avait pressé le CE de dire oui à la location des locaux rue Vivienne en soulignant que les baux au palais Brongniart et rue de la Bourse ne pouvaient pas être prolongés. L’information donnée par M. Vignolle montre que c’était faux.
Le n°2 de l’AFP a d’ailleurs partiellement levé le voile sur la gabegie de cette opération, en révélant le montant de la location rue Vivienne : 1.600.000 euros par an ! Comme nous l’avons dénoncé en juin dernier (cf. notre tract « Arrêtons le gâchis ! ») , ces locaux sont restés vides pendant plus d’un an, en raison de la politique du fait accompli de la direction. Voilà pourquoi M. Hoog veut limiter la hausse de nos salaires à seulement 27,50 brut par mois !
David Sharp, membre du CE
Claus Tulatz, représentant SUD-AFP